• je sais pas si j'ai bien compris ce que tu as dit XD ....

    Je ne sais pas ce que je suis, ni ce que j’étais exactement à l’époque. J’aurais peut-être dû voir un psychologue ou un psychiatre… mais en soi ça ne me gênait guère (et ça me gène encore moins maintenant). J’ai une mémoire phénoménale, une absence quasi totale d’empathie, une facilité au mensonge et à la manipulation, je n’ai aucune envie, je n’éprouve aucun plaisir au sexe, aux drogues, à la cigarette et pourtant je ne fais que ça, je trouve que ça passe le temps, surtout à l’époque.

    Arrivé au lycée j’étais encore vierge et contrairement à mes petits camarades, le fait de le rester ne me gênait guère. Cependant, après ma première fois, j’avais la constante envie de recommencer même si je n’éprouvais aucun « plaisir ». Cette envie, je l’ai baptisée (par humour), le Démon. C’est le Démon qui me faisait mentir pour arriver à mes fins, c’est le Démon qui me faisait manipuler certaines personnes, c’est le Démon qui me donnait l’irrépressible envie de sexe.

    Évidemment ce Démon n’existe pas, je ne suis pas fou. Mais quand j’ai mauvaise conscience il me sert d’excuse. Et à l’époque, il me servait souvent d’excuse…



    Le jour de la rentrée, ce n’est pas vraiment un hit actuel. On dit souvent que le passage du collège au lycée est difficile mais moi ça m’importe peu, je quitte mes amis mais ils ne sont qu’à l’autre bout de la ville, ce n’est pas la mort (d’ailleurs ils ne vont pas vraiment me manquer).

    Après tout, je n’ai jamais été un grand sentimental. Enfin… presque, Garance est partie à l’étranger, au Luxembourg, elle veut garder contact mais je sais très bien que c’est elle qui le rompra… je voulais lui faire plaisir donc j’ai dit oui. Après tout, c’était ma meilleure amie « et plus si affinité ».

    Bref, nouveau lycée. Mon meilleur ami, Arthur, est là aussi, on cherche nos noms sur les listes… il n’est pas dans ma classe. Je scrute les noms de ma classe, je retiens facilement les noms, mais là, la seule personne que je reconnais c’est mon ex… le hasard fait mal les choses parfois.

    La sonnette retentit. Je vais dans le rang de mes futurs camarades de classe. Un jeune homme devant moi se retourne… David ! J’avais fait un stage dans un magasin de musique avec lui mais je ne connaissais pas son nom de famille. J’entame une futile conversation mais le professeur principal arrive et nous interrompt.

    Première présentation, grosse classe (trente-quatre élèves) non-équilibrée puisqu’il n’y a que huit garçons. Nous visitons le lycée mais comme le professeur est nouveau, on se perd. On enchaine avec deux heures de maths et du français, quel ennui total. La journée se termine assez rapidement, je n’ai parlé à personne mis à part David (un très bon guitariste si mes souvenirs sont exacts) et un autre garçon que j’ai connu au conservatoire quelques années auparavant.

    Le soir venu, j’échange quelques SMS avec des amis que j’ai connu au collège… ils font une soirée pour « fêter » la rentrée à laquelle je suis convié. Je n’ai pas vraiment envie de les revoir mais j’accepte. Comme à son habitude Garance m’appelle (comme ça elle paye la communication) et me raconte sa vie, sa rentrée, etc.

    Le lendemain, nous commençons par une matinée scientifique : sciences physiques, chimie et biologie et n’ayant pas trop prêté attention à la visite, je ne trouve pas le laboratoire. Avec David nous tournons donc dans les couloirs du bâtiments dédiés aux sciences dans l’espoir que quelqu’un de notre classe nous reconnaissance… et ce fut le cas. Une jeune fille rousse s’approche de moi. Comme à mon habitude, je l’analyse de la tête aux pieds : souriante, taille moyenne, teinture aux cheveux réussie, baskets à la mode, tenant dans sa main un chapeau à la mode, portant un manteau à la mode, vrai sac à main de marque, chemisier blanc cassé quelconque, plutôt jolie mais terriblement banale.

    Premier cours de sciences physiques, je me retrouve à côté de cette fille, je ne lui adresse pas un mot de l’heure. Le professeur est passionnant et passionné (et drôle). Pour une expérience il fouille dans ma trousse et se rend compte que tout est neuf, au point qu’il y a encore un filme plastique sur ma gomme, ça me fait rire. La salle et le professeur reste les mêmes pour le cours de chimie, je n’ai toujours pas parlé à cette fille.

    A midi, je mange en ville avec Arthur. Puis l’après-midi, cours de langues (allemand et anglais). Entre les deux cours, alors que je discute avec David, deux jeunes gens de notre classe nous abordent. Un grand type (pour moi qui était petit), d’origine maghrébine, musculature assez développée, cheveux courts mal coiffés, portant un polo de marque, un jeans serré et des baskets à la mode et une petite, également d’origine maghrébine, longs cheveux ondulés, pull rouge, jupe, collant, baskets. Ils se présentent, Yassine et Sirine, à ce moment je me dis que soit ils sont en couple, soit ils se connaissent depuis très longtemps. Arrive aussi dans la discussion la fille de ce matin, Sophie.

    Le soir, je rentre, j’écoute quelques chansons de Bowie et je vais me coucher, en attendant le week-end et la soirée où je pourrais retrouver mes anciens camarades de classe.

    Les jours passent et se ressemblent. Je traine beaucoup avec David, Yassine et Sophie au point d’oublier la présence de mon ex dans la classe. Comme toujours à l’époque nous parlons beaucoup de sexe, légèrement, avec humour.

    Enfin le samedi. Le samedi après-midi tout du moins puisque j’ai cours le matin. La soirée se passe chez une amie, Mathilde. Je ne bois pas d’alcool, je n’aime pas la musique actuelle mais j’y vais quand même, histoire de me changer les idées.Petite maison de campagne isolée, la musique… enfin ce brouhaha électronique ne devrait gêner personne. Léa m’ouvre la porte, je ne pensais pas la croiser ici, elle qui est si sérieuse. Il y a déjà du monde mais à en juger par l’odeur, ou devrais-je dire la non-odeur, l’alcool ne coule pas encore à flot.

    Bises, mains tendues, je fais le tour de tout ce beau monde que j’avais déjà en partie oublié. Je croise Emma, mon ex, Marianne, mon ex, mais où est Garance, on m’a dit qu’elle serait là. Je ne le trouve pas mais au moins je suis tombé sur Arthur, un peu par hasard. Un verre enfin… un gobelet de bière à la main, une clope entre les lèvres. Evidemment je lui demande s’il a vu Garance mais avec cette putain de musique de merde il n’entend pas alors je suis obligé de hurler. Si je trouve celui-ci qui s’occupe de la musique, je l’étripe.

    Comme par hasard, c’est Soren qui s’occupe de la musique. Si je ne m’abuse il est parti dans un lycée professionnel paumé en pleine campagne, je ne sais pas ce qu’il fait ici.

    « - Hey, Vic’, ça fait un bail ! Dit-il sur un ton jovial.
    - Depuis un peu plus de deux mois.
    - Alors, la rentrée ? Les meufs sont comment ?
    - Et toi ? Dis-je pour ne pas répondre à sa question stupide.
    - Moi j’ai acheté mon matos... trois cents euros de matériel pour le dessin.
    - Tu as vu Garance ?
    - En plus je devrais sûrement dépenser un peu plus d’argent au cours de l’année quoi et…
    - Tu dessines comme une merde, Soren. Bon, tu n’es pas intéressant, je te laisse.
    - A plus mec. »

    Je ne sais pas pourquoi jamais personne ne prend mes paroles au sérieux. Je fends la foule pour trouver Garance, je n’aime pas ne pas la voir dans des endroits où je devrais la voir. On me dit qu’elle discute avec Marianne, d’autre la l’on vue sur le balcon avec un mec, mais moi je sens bien qu’en fait, elle n’est tout simplement pas là.
    Je me pose sur un canapé, une bouteille de coca (en verre) dans la main, une clope au bec. J’envisage de mettre mes écouteurs pour ne plus entendre cette pseudo-musique pour adolescents attardés mais Arthur vient s’asseoir à côté de moi.

    « - Je suis parti en Allemagne pendant les vacances.
    - Je sais, tu n’as pas vu Garance ?
    - Tu vas me le demander dès qu’on va se croiser ?
    - Sûrement.
    - Je disais donc… j’ai lu Sur la route de John Kerouac et…
    - Jack.
    - Tu veux du Jack ? S’exclama Arthur.
    - Je ne bois pas. C’est Jack Kerouac.
    - Bref. Je me disais, parfois j’aimerais tout quitter et voyager.
    - Oui, mais tu ne le feras pas. Tu iras dans ton jardin tout au mieux. »

    Je me lève. Je vois Garance parler avec Mathilde. Je me dirige vers elles, laissant Arthur sur le canapé. Elle est si belle, si inaccessible. Je devrais peut-être lui dire ce soir, peut-être lui dire que ce n’est pas que de l’amitié.

    « - Garance.
    - Vic’ ! Je te cherchais partout, je suis venue en coup de vent pour tous vous saluer avant de repartir !
    - Tu ne restes pas ?
    - Je ne peux pas…
    - On peut se parler ?
    - Bonsoir Victor.
    - Oui oui, ‘soir Mathilde. Viens sur le balcon Garance, s’il-te-plaît. »

    Nous traversons la pièce jusqu’au balcon. Il n’y a personne à part deux fumeurs trop alcoolisés pour nous voir. Nous sommes là, quelques mètres au-dessus du sol. Mécaniquement j’allume une clope mais elle me la prend des doigts et la jette. Elle ne veut pas que je fume.

    « - Ca ce passe bien au Luxembourg ?
    - Victor… ça fait à peine trois semaines que j’ai déménagé.
    - Et alors ? Qu’est-ce que ça change.
    - Oui ça va, tu voulais me dire quoi d’autre ? Répondit-elle rapidement.
    - Je t’aime. »

    Le temps s’est figé. Pourquoi ai-je été si direct ? Je n’en sais rien. Il n’y a pas beaucoup d’issues possibles. Je la regarde, peut-être une dernière fois avant de la perdre. Je me perds dans le bleu de ses yeux, je m’attarde sur sa peau porcelaine.

    Elle ne répond pas. Je la sens crispée. Alors je regagne l’intérieur. Je prends une clope. Je la porte à mes lèvres quand une tape l’a fait s’envoler à travers la pièce. Garance m’embrasse. J’aimerais que cela dure une éternité ou deux. Lorsque ses lèvres qui les miennes, nous nous regardons fixement.

    « - Tu sais combien elles me coûtent au moins ?
    - Victor… tais-toi. Je vais partir.
    - Je sais.
    - On se reverra bientôt.
    - Oui. »

    Elle se dirige vers Mathilde et me laisse sans se retourner. Elle me manque déjà. Je mets mes écouteurs et lance une chanson au hasard.

    « … »

    Je sens quelque chose s’éveiller en moi. Une envie irrépressible d’assouvir un besoin primaire. Garance est partie… mon regard se pose sur Mathilde. Un mètre quatre-vingts, svelte, formes plutôt généreuses et relativement peu farouche d’après certaines rumeurs. Mais je crois qu’elle est en couple.

    Mais pourquoi je pense à ça ? Depuis ai-je ce genre d’envie ? Je détourne mon regard. Marianne, ressemble beaucoup à Garance, peau plus claire, yeux plus bleus, sportive. Non… je sors une clope, je l’allume, je fume. Emma, grande, peau matte, danseuse, petite poitrine, jolies fesses. Mais je dois arrêter. Je vaux mieux que ça putain.

    Je vois Mathilde embrasser un garçon. Je ne le connais pas. Grand black, allure sportive, bien habillé pour ce genre de soirée, sûrement gentil.

    « - Enguerrand ?
    - Vic’ ? Je ne t’avais même pas vu !
    - Ca va ?
    - Pépère.
    - C’est qui le mec à Mathilde ?
    - Ah, c’est Désiré. Il est dans ma classe cette année, c’est un nouveau. Il fait du basket en club. »

    J’ai beau cherché intérieurement dans tout mon cercle de connaissances je n’ai aucune information sur lui. Ca m’énerve, bordel je connais tout le monde normalement alors pourquoi pas ce fils de pute ? C’est exaspérant.

    « - Au fait pourquoi ?
    - C’est toi qui aimes bien les rousses ? J’ai quelqu’un à te présenter.
    - Mais je n’aime pas les…
    - On se s’appelle. »

    Mathilde a lâché son copain. Je m’approche, pour entamer une conversation. Je sais ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas, je peux facilement trouver un sujet. Jusque ici, tout va bien.

    « - Mathilde, comment va ton frère ?
    - J.B ? Il fait ses études en Belgique, il doit passer bientôt.
    - Intéressant tout ça. Je me souviens de lui il était gentil.
    - Vous vous êtes déjà parlés ?
    - Il joue de la guitare, son groupe préféré est Téléphone, son meilleur ami s’appelle Théo, il est roux, il fait ses études près de Nîmes.
    - Je…
    - Alors, ça baise ? Fit une voix derrière moi.
    - Soren. Que me veux-tu, encore ?
    - Je t’ai vu avec Garance, elle n’est pas mal. Je l’ai envisagée, disons qu’elle est « motocultable » !
    - Ahah. Soren, Soren… »

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